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  • Photo du rédacteurBertrand Coupet

Transition ou redirection écologique: du comment au pourquoi

Je notais sur ma carte de visite l'année dernière: Partenaire en redirection écologique. Je n'étais pas au courant que le concept était en train de naitre et qu'il allait me sembler si juste quelques mois plus tard.


Pour faire le lien avec mon article sur les limites planétaires, le changement climatique est l'arbre qui cache la forêt: si il était possible de tout décarboner pour continuer à vivre exactement comme aujourd'hui, serait-ce souhaitable? La planète survivrait elle aux transformations amenées par l'énergie propre infinie de la fusion nucléaire?


"Nous sommes en train de soigner un cancer avec un doliprane, et nous ne sommes même pas fichu de bien l'avaler!" Arthur Keller


Parce que le monde humain n’est pas un monde déconnecté de la nature et du vivant, il est essentiel que nos activités reprennent lien avec les limites planétaires qui nous sont imposées. Notre existence dépend entièrement des écosystèmes, de leur diversité, de leur adaptabilité, de leur vitalité… et des équilibres planétaires que nous supposions stables. Nous nous rendons bien compte aujourd'hui de la déstabilisation du vivant dans sa globalité du fait des activités humaines.


Le concept de transition écologique, tout comme ceux de développement durable ou de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), renferment trop d’implicites et d’imprécisions empêchant la mise en place de stratégies à la hauteur des enjeux climatiques et écologiques de notre temps. La transition écologique laisse la place à "ripoliner en vert" des activités non soutenables.


Chaque entreprise entend répondre à un besoin et porte de ce fait une raison d'être. Or, pour remplir leur mission, les organisations se doivent de porter un regard à moyen et long terme. Pour autant, les limites physiques et les objectifs à atteindre en termes d’impacts environnementaux (émission de GES, consommation de matières premières) et sociaux (répartition des richesses, satisfaction des besoins essentiels, conditions de vie décentes) feront que toutes les activités ne trouveront pas la pérennité nécessaire à leur survie.

Aussi, il faudra savoir renoncer à certaines d’entre elles.



La notion de redirection écologique a pour ambition de clarifier la planification et les orientations stratégiques, les besoins techniques et méthodologiques ainsi que les processus politiques et démocratiques permettant de mettre en place une transformation écologique de nos modes de subsistance.



D’un point de vue opérationnel, la redirection écologique amène à porter un regard sur les vulnérabilités des activités ainsi que les dépendances de celles-ci à des ressources ou processus non pérennes. Cependant, la redirection écologique ne peut s’inscrire dans une logique de haute technologie qui, d’une manière générale, repose sur une consommation d’énergie et de matières premières incompatible avec les limites planétaires et un accès équitable à ces ressources.

Pour autant, la redirection écologique n’est pas incompatible avec l’innovation si celle-ci est low-tech (ou basse énergie : faible demande en ressources et en énergie pour sa fabrication et son fonctionnement) et qu’elle répond à des besoins essentiels. La redirection écologique propose ainsi un accompagnement à la définition d’alternatives qui permettront à nos activités de trouver une pérennité.

L’analyse de ces vulnérabilités et dépendances amène donc les organisations à porter un regard objectif, honnête et clairvoyant sur leurs activités. Et il est évident que nombre de nos activités ne trouveront pas de pérennité à moyen terme. Surtout, il n’est pas souhaitable de les maintenir car elles participent, de près ou de loin, à la destruction des conditions de vie sur Terre.

La redirection écologique porte aussi ici l’ambition d’accompagner au renoncement. Le renoncement est difficile quand nous cherchons encore aujourd’hui à répondre aux enjeux cités ci-dessus par des solutions technologiques, qui ne font qu’accroitre les dépendances. Mais qui dit renoncement sous-entend aussi réaffectation, car en effet, l’organisation renonçant à une activité analysée comme non pérenne dispose de nouveaux moyens (financiers, humains, compétences, techniques) qu’elle peut réaffecter au développement de solutions venant répondre à des besoins contemporains.

La redirection écologique amène à une pensée globale, à la prise en compte des interactions qui sous-tendent nos sociétés et notamment à la coopération. Et c’est un alignement des organisations publiques et privées sur les limites que l’anthropocène met en évidence (limites climatiques, géologiques, planétaires, mais aussi zones critiques, situations écologiques territoriales, agencements ontologiques, politiques territoriales, etc.). Cet alignement se fera par une prise de responsabilité individuelle et collective et par des choix.


Le rapport "soutenabilités" de France Stratégie, institution autonome placée auprès du Premier ministre, écrit:

"ce qui n’est pas soutenable économiquement, écologiquement, socialement, démocratiquement devrait, au-delà de certaines circonstances exceptionnelles et transitoires, être écarté de nos choix collectifs. "


"Il s’agirait aussi – et la tâche serait plus ardue – d’identifier certaines activités « insoutenables », au regard de critères de bien-être, d’équilibre social, économique ou territorial, et qu’il conviendrait alors de faire décroître de façon concertée et anticipée"

(Le reste de mon résumé du rapport est disponible ici)


La notion de renoncement et de redirection écologique fait donc son chemin jusqu'aux oreilles du premier ministre.


La stratégie bas carbone, avec les analyses de cycle de vie, n'est donc qu'une porte d'entrée pour commencer à réfléchir aux enjeux énoncés plus haut. Souvent "premier indicateur extra financier", le bilan carbone pourra faire entrer le concept de redirection écologique dans l'entreprise.


Article adapté des textes du guide redirection écologique du CRESS Nouvelle Aquitaine, merci Frédéric Pascal.

Le concept de Redirection écologique a été théorisé par Diego LANDIVAR et Alexandre MONNIN du laboratoire Origens Media Lab


Pour ceux qui souhaitent approfondir les limites de notre système, voici le lien vers une conférence remarquable de Aurélien Barrau et Arthur Keller.(1h)


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