Le monde semble prêt à basculer dans une frénésie de fabrication de machines décarbonées : voitures électriques, éoliennes, panneaux photovoltaïques.
Les gouvernements nous donnent une feuille de route pour réduire les émissions de GES de nos usages !
Mais cette volonté poussée à la vitesse nécessaire sera-t-elle suffisante pour y arriver ?
Une voiture électrique demande 5 fois plus de cuivre qu’une voiture thermique pour sa fabrication
Les éoliennes et les panneaux photovoltaïques demandent au moins 3 fois plus de cuivre que le gaz ou le nucléaire, d’où la question :
Aurons-nous assez de cuivre et d’autres matériaux pour réaliser la transition énergétique ?
Plus d’infrastructures pour les chargeurs de voitures électriques, plus d’infrastructure pour relier les points de production électrique éoliens et photovoltaïques, plus de voitures, de camions, de bus électriques, toujours plus de bâtiments et de télécommunications, plus de consommation.
Les besoins en cuivre sont immenses et mondialisés. Donnons à tous des machines décarbonées et continuons de vivre comme avant. La recette semble connue.
Une étude de IFPEN montre qu’il faut doubler la quantité de cuivre produit chaque année d’ici à 2030 et doubler ensuite d’ici à 2050 dans un scénario à 2°C et un PIB en hausse tel que le souhaite les états actuellement.
L’industrie minière quant à elle produit sensiblement la même quantité de cuivre depuis 8 ans soit 20 Mtonnes par an. Les prévisions ne montrent pas une augmentation probable de la production pour diverses raisons :
les temps de développement de nouveaux projets étant très long
les impacts environnementaux liés à la pollution de l’eau pousse le Chili - premier producteur mondial - à un ralentissement de sa production
Comme pour le pétrole, nous avons exploité les gisements qui contenait le plus de cuivre, toute nouvelle mine sera donc moins performante qu’une mine existante et développera des impacts environnementaux supérieurs.
Pour parler des autres minerais essentiels : au total, dans son scénario « développement durable » (SDS), l’AIE table d’ici 2040 sur une multiplication de la demande mondiale de cobalt par près de 4,5 , de nickel par 3, de la demande grandissante de lithium pour les batteries par près de… 25, ou encore par 2,5 de la demande de néodyme, l’une des principales « terres rares », nécessaire en particulier pour les aimants permanents des véhicules électriques ou des éoliennes en mer.
Comme pour le pétrole et le gaz, l’Europe n’est pas riche de ces matières premières et se rendra dépendante des pays producteurs qui seront les maitres de l’offre dans les prochaines années.
La chine est le premier pays transformateur de cuivre et monopolise depuis 20 ans les investissements dans le domaine.
Qu’arrivera-t-il quand la demande ne pourra plus être satisfaite ?
Pour l’exemple du pétrole, quand la demande sera supérieure à l’offre durablement, la demande réduira : moins de transports, moins de machines en fonctionnement, moins de consommation : le pétrole est toujours le sang de notre économie.
Pour les matériaux, le besoin n’est pas urgent et nous pouvons continuer de vivre sans acheter de nouvelles éoliennes ou de nouvelles voitures. La transition mettra alors plus de temps.
Que conclure de ces chiffres ?
Encore une fois, nous voyons ici la solution primaire de réduire nos usages et nos besoins.
Il est globalement nécessaire de diviser par 2 nos usages d’ici à 2030 puis de 2030 à 2050 afin de permettre au monde entier de faire sa transition et de répartir l’utilisation du cuivre et des autres matériaux équitablement.
Cet ordre de grandeur correspond à ce qu’il faut faire également pour diminuer l’empreinte carbone en France.
La sobriété d’usage est donc la première étape indispensable pour imaginer le futur.
La vraie recette est connue.
PS : je n’ai pas parlé des autres limites planétaires à prendre en compte dans la transition écologique. Pour exemple, l’empreinte matière qui représente l’ensemble des tonnes de ressources nécessaires par personne devrait doubler d’ici 2060.
L’ensemble de ces critères et la compréhension de la systémique globale doivent diriger nos choix collectifs vers un mode de vie soutenable. L’exemple de la voiture électrique montre bien que passer à l’électrique en gardant le même usage n’est pas soutenable quand on regarde l’ensemble des impacts sociaux et écologique d’une telle transformation.
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