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  • Photo du rédacteurBertrand Coupet

Pourquoi le prix de l'énergie augmente?

Vous voulez comprendre où va le monde?

Vous vous demandez pourquoi le prix de l'énergie augmente? Quelles sont les interactions entre les pays et les consommations?

Comment la raréfaction des matériaux et de l'énergie va nous impacter?


Nous n'avons plus le loisir d'attendre pour savoir de quoi demain sera fait. Le monde de demain a déjà commencé.


Vous comprendrez tout cela à la lecture du résumé de l'article de Matthieu Auzanneau dans le monde que je recopie ci dessous:


Pour le pétrole, tout est maintenant écrit.

La directrice générale de la stratégie du pétrolier français, Helle Kristoffersen, a évoqué un déficit de 10 millions de barils par jour à l’horizon 2025 pour faire face à la demande. Rien de moins qu’un dixième de la production mondiale. Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont été déclenchés par des déficits bien moindres.


Face à une production totale qui a poursuivi sa croissance, le déclin des réserves restantes de toutes les formes de pétrole s’est accentué depuis 2008, à mesure que les limites atteintes par le conventionnel ont conduit à puiser en priorité dans les réserves accessibles de pétrole non-conventionnel. En 2020, d’après les données de Rystad Energy, le niveau des réserves « prouvées et probables » de l’ensemble des sources de pétrole correspond à celui de 1964, celui des seules réserves de pétrole conventionnel correspond au niveau de 1960 : il n’y pas là bien grosse différence…


Dans une étude sans précédent publiée en mai sous l’égide du ministère des Armées, le Shift Project a fourni une analyse circonstanciée très préoccupante des risques qui pèsent sur les approvisionnements pétroliers de l’Union européenne, première importatrice mondiales de brut à égalité avec la Chine. J’ai confié la réalisation de cette étude à un ancien « Monsieur Pétrole » de l’Agence internationale de l’énergie, Olivier Rech, à Marc Blaizot, ex-responsable de l’exploration du groupe Total, ainsi qu’à Alain Lehner, ex-responsable des gisements du pétrolier français. Ils concluent que si rien n’est fait, l’Europe risque fortement de manquer de pétrole au cours des années qui viennent, et à coup sûr au cours des années 2030.


Pour l’heure, bien que l’alerte concernant le pic pétrolier soit aussi ancienne que l’alerte climatique, et bien que l’Europe s’approvisionne en brut pour moitié auprès de pays producteurs promis au déclin, les gouvernements européens ignorent encore complètement la menace.


Pour le gaz naturel, l’Europe commence à comprendre enfin, péniblement.


La consommation européenne, elle, demeure très forte. L’Europe reste de loin le plus gros importateur mondial de gaz naturel. Après une légère décrue concomitante à l’accélération du déport vers l’Asie, après la crise de 2008, des activités industrielles les plus énergivores, la demande européenne est repartie en forte hausse après 2014. Cette forte hausse coïncide avec la sortie du charbon d’une part, et d’autre part avec l’essor des énergies renouvelables intermittentes (les EnR : éolien, photovoltaïque), qui font prioritairement appel aux centrales à gaz lorsque vent et soleil font défaut.

En résumé : une demande en essor systématique à cause de la sortie du charbon et du développement des renouvelables intermittents, et en face une production domestique en déclin irréparable.

Pas étonnant que les prix flambent.

Pas étonnant non plus que l’Allemagne se garde de braquer M. Poutine, et n’ait d’autre choix que de veiller à l’ouverture imminente du gazoduc Nord Stream 2. Plus profondément, cette prise en ciseau entre hausse des besoins et épuisement de la production domestique risque de continuer d’aggraver l’effondrement des activités industrielles européennes qui réclament le plus d’énergie. Pour le charbon en Chine,… on verra bien !

La brutale reprise post-Covid est le facteur conjoncturel majeur de la flambée actuelle de la demande et donc des cours mondiaux du gaz naturel. Mais en Chine, la demande de gaz naturel est d’autant plus forte que l’économie chinoise peine à redémarrer ses centrales à charbon. Au point que Pékin impose depuis plusieurs jours l’arrêt pur et simple de très nombreuses usines, ainsi que des coupures de courant affectant des centaines de millions de personnes. Pour l’heure, 20 provinces chinoises sur 31 ont fait état de coupures. Avec l’approche de l’hiver, la situation peut aisément prendre une tournure critique.

En résumé :

1) En théorie, les ressources en charbon de la Chine peuvent être suffisamment importantes. Cependant, les réserves de charbon réellement exploitables de la Chine ne sont peut-être pas aussi importantes que beaucoup de gens le pensaient. Si le gouvernement veut maintenir une production croissante, de gros investissements sont nécessaires, sinon, la production peut atteindre un pic bientôt (comme nous l’avons prédit dans l’article de 2017).

2) En réalité, en raison du changement climatique et d’autres considérations, l’investissement dans l’industrie du charbon a diminué pendant des années au lieu d’augmenter, ce qui est mauvais pour l’augmentation des réserves de charbon et la production de charbon.

3) En raison de la limitation des investissements, la pénurie d’approvisionnement en charbon est imminente.

4) La pénurie d’approvisionnement en charbon peut entraîner une hausse significative du prix du charbon, mais le prix de l’électricité est contrôlé par le gouvernement. Le prix élevé du charbon déterminé par le marché et le faible prix de l’électricité contrôlé par le gouvernement font que les centrales électriques ont tendance à arrêter de produire de l’électricité.

5) La pénurie d’électricité est imminente. »


La flambée des cours mondiaux du charbon provoquée par la Chine se répercute non seulement jusqu’en Europe via le prix du gaz, mais impacte aussi gravement l’Inde, importatrice massive de charbon.


La Chine domine la production mondiale de panneaux photovoltaïques. D’une part ses centrales électriques au charbon alimentent les usines. D’autre part, le silicium est produit en « cuisant » du sable ordinaire avec du coke dans un four à haute température.

De ce fait, le « contenu carbone » de l’électricité solaire est le plus élevé parmi les technologies de substitution à la production électrique à partir de sources fossiles carbonées.


Minerais et métaux critiques : encore une vaste zone de récifs devant nous, à peine aperçue.


Disponibilité future de cobalt, de nickel, de lithium, de terres rares, de cuivre : autant de récif potentiels sur la voie périlleuse de la transition. Les capacités futures de développement de la production de ces métaux sont largement incertaines, et même inconnues.


La production de ces métaux « critiques » se concentre pour l’heure bien souvent dans un nombre restreint de pays, bien plus restreint que celui des pays exportateurs actuels de pétrole : Chine, Australie, Chili, République démocratique du Congo (RDC), Indonésie, Russie.


Au total, dans son scénario « développement durable » (SDS), l’AIE table d’ici 2040 sur une multiplication de la demande mondiale de cobalt par près de 4,5 , de nickel par 3, de la demande naissante de lithium pour les batteries par près de… 25, ou encore par 2,5 de la demande de néodyme, l’une des principales « terres rares », nécessaire en particulier pour les aimants permanents des véhicules électriques ou des éoliennes en mer :


Concernant enfin le cuivre, voici les éléments saillants du constat établi par les experts de l’AIE, à l’orée de ce que celle-ci considère dans le cadre de son scénario SDS comme un nécessaire accroissement de près de 40 % de la production mondiale d’un métal relativement abondant, indispensable notamment pour tous les équipements électriques et électroniques.

Comme pour le pétrole, on retrouve la course sur le tapis roulant du déclin de la production existante, déclin qui doit être a minima compensé pour espérer ne serait-ce que maintenir le niveau mondial de production.


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